Dès qu’ils le peuvent, Charles Aubry et son épouse regardent l’émission La vie à 600 livres.

Dans ses réflexions sur l’industrie de la carrosserie, Charles remarque qu’on peut faire un parallèle entre le drame que vivent les sujets de l’émission et les ateliers qui maintiennent des charges de travail en cours (WIP) trop élevées. Il appelle ça : « La vie avec un WIP de 600 heures ».

Il nous explique pourquoi et tenez-vous bien, ça fait du sens.

Tout d’abord, quelles sont les conséquences négatives de maintenir un WIP très élevé :

  • Coûts opérationnels plus élevés, par exemple avec l’utilisation de véhicules de remplacement.
  • Flux monétaire plus bas, causé notamment par l’argent monopolisé pour l’achat de pièces qui dorment en attendant d’être posées.
  • Moindre performance sur le plan de la rentabilité et du temps de cycle.
  • L’atelier devient plus gourmand, car les coûts sont plus élevés et il faut plus de réparations pour être rentable.
  • Expérience client moins intéressante.
  • Les bulletins auprès des partenaires-assureurs démontrent les faiblesses importantes de l’atelier.

On peut donc se poser la question suivante ; est-ce que mon atelier souffre d’obésité morbide ?

Voici deux exercices faciles pour vérifier :

Exercice 1 — Évaluez les travaux en cours à l’atelier.

C’est simple, faites le tour de l’atelier et comptez le nombre de véhicules à réparer. Pour l’exemple, disons qu’il y en a 12.

Multipliez ce nombre par le temps moyen d’une réparation selon la saison : 17 heures l’été, 20 heures à l’automne et au printemps et 25 heures l’hiver.

Disons que nous sommes le 22 novembre (automne), il faut alors multiplier les 12 véhicules par 20 heures, ce qui donne 240 heures.

Mais en hiver, disons au 14 février, 12 véhicules en attente dans la cour ou en réparation dans l’atelier représentent plutôt 300 heures.

Évidemment, pour les modèles d’affaires classiques, la saison peut grandement jouer sur la charge de travail de la carrosserie, et vous serez généralement plus occupés l’hiver que l’été.

Exercice 2 — Évaluez quel doit être le WIP parfait pour éviter les conséquences négatives d’un atelier surchargé.

  1. Identifiez votre nombre d’employés productifs et multipliez-le par le nombre d’heures de réparation par semaine par employé (ex. : 5 employés productifs × 35 h = 175).
  2. Multipliez ensuite par votre niveau de productivité. Si vous ne le connaissez pas, utilisez 100 % (un ratio de 1) (ex. : 175 × 1 = 175).
  3. Divisez par 5 jours, ou par le nombre de jours que vous travaillez par semaine (ex. 175/5 = 35).

Dans l’exemple ci-dessus, le WIP parfait est de 35 heures. Pour combler votre prochaine journée de travail, votre WIP à la fin de chaque jour devrait être équivalent à 35 heures (plus ou moins 10 %) en plus des heures pour les non carrossables.

Le but c’est que le WIP se rapproche le plus possible de ce que l’on peut accomplir dans une journée de travail.

WIP parfait = Le travail que l’on peut accomplir dans une journée (plus ou moins 10 %), sans compter les non carrossables.

Si l’écart entre votre WIP actuel et un WIP parfait est très grand, il faut vous demander comment vous en êtes arrivés là. Dans l’émission préférée de Charles, les gens ont tous des histoires tragiques afin de raconter pourquoi ils pèsent 600 livres.

Tentez de vous raconter votre histoire pour trouver les comportements managériaux qui vous font accumuler autant de réparations. Ce sont ces comportements qu’il vous faudra corriger pour avoir un atelier plus rentable et performant.

Un impact majeur sur la rentabilité

Prenons deux ateliers ayant les mêmes mix de ventes, grosseur d’équipe, coûts fixes et qui sont organisés sensiblement de la même manière. Le premier génère 5 % de rentabilité et l’autre en génère 15 %. Pourtant les deux ateliers sont très productifs et peuvent sortir plus de 70 heures de travaux estimés par technicien par semaine. L’un a un immense WIP et l’autre a un WIP le plus LEAN possible. Ce qui les distingue est la rentabilité et le succès. Il ne faut donc pas prendre le WIP à la légère.

Imaginez que vous êtes le dernier client arrivé dans l’atelier représenté par l’image B.

Un WIP de 600 heures (tout est relatif selon la grosseur de l’atelier), c’est aussi alarmant que si votre corps pesait 600 livres. Les dommages causés à la rentabilité sont aussi graves que ceux causés à la santé de la personne.

Quelle est la formule magique pour maintenir un WIP sain ? S’organiser, posséder un bon outil pour suivre ses réparations et prendre de bons rendez-vous de réparation et, enfin, livrer et recevoir des véhicules chaque jour.

Rédaction : Alexandre Rocheleau
Collaboration : Charles Aubry
Révision : Sophie Larocque
Illustration: Paul Berryman
Édition : Emilie Blanchette