Quelques trucs pour passer la crise.
2021 aura été marquée par un retour des réparations à leur niveau de 2019. Bien sûr, plusieurs entrepreneurs-carrossiers ont payé cher la pause de déplacements qu’a pris la société pendant que la COVID-19 faisait rage.
Mais maintenant que l’on retrouve le volume de réparation d’antan (2019), beaucoup de pièces pour réparer les véhicules sont manquantes, et ce, d’un océan à l’autre. Nos confrères carrossiers européens sont dans le même bateau, semble-t-il.
Si vous avez votre productivité et votre rentabilité à cœur, cette situation peut les avoir compromises.
Pour ceux qui doivent administrer des véhicules de remplacement, les coûts ont explosé. Les temps de cycle sont dépassés. On investigue dans l’espoir de trouver nos pièces afin de pouvoir régler nos dossiers de réparations au compte-gouttes.
On doit parfois faire des écarts significatifs de nos processus habituels pour compléter nos réparations.
Au Canada, dans le monde des pièces d’origine d’une des grandes marques américaines, pour une année normale pendant la saison automnale c’est généralement plus ou moins 100 000 lignes qui sont hors inventaire. À l’automne 2021, c’est plus de 400 000 lignes d’inventaire qui ne sont pas comblées. C’est littéralement quatre fois plus que d’habitude. Pour certaines marques, c’est le statu quo alors que pour d’autres, c’est très difficile de rendre des pièces disponibles sur le marché.
Trouver des pièces similaires ou recyclées n’est pas une mince affaire non plus. Les pièces similaires sont de 20 % à 30 % moins disponibles que par les années précédentes. La tendance est moins prononcée pour les pièces recyclées, mais tout de même existante.
On a vu plusieurs types de comportements palliatifs. Par exemple, effectuer une réparation partielle et remettre la voiture au client, puis le rappeler plus tard pour compléter la réparation quand on a réussi à obtenir l’autre pièce.
Les relations clients sont plus tendues et parfois, il n’y a même plus de véhicules de location disponibles pour les clients tellement le système est sous pression. Nous avons vu des cas où un client a reçu un véhicule qui est loin d’être une équivalence du sien, et aussi des scénarios ou les véhicules de remplacement sont tout simplement indisponibles.
Quels sont les dommages créés par le manque de pièces sur vos dossiers de réparation ?
- L’expérience client offerte bat de l’aile
- Explosion des temps de cycle
- Perte de temps en administration
- Rareté des véhicules de remplacement
- Interruption de la productivité
- Diminution de la rentabilité
Quelles sont les solutions afin de conserver une productivité décente et des clients heureux ?
Actuellement, certains d’entre vous font des pieds et des mains pour tenter d’obtenir les pièces convoitées. Il y en a qui vont même jusqu’à fouiller sur Amazon pour s’aider.
Ces derniers temps, le travail du directeur d’atelier ou de la personne responsable des pièces change avec la pénurie de pièces automobiles. Personne ne veut laisser de l’argent sur la table, car manquer son coup en approvisionnement de pièces sur quelques dossiers suffit pour voir ses résultats financiers être affectés considérablement. Les gens passent donc leurs longues journées en mode solution.
Voici quelques pistes pour vous aider à trouver vos pièces en rupture de stock (back order ou BO) ou à mieux les gérer.
Identifier la provenance de vos BO
Prenez un temps d’arrêt. Analysez vos BO. Y a-t-il des fournisseurs qui sont statistiquement plus problématiques que d’autres ? Y a-t-il des marques plus problématiques que d’autres ? En identifiant les fournisseurs ou les marques qui ont tendance à être à la source de votre problème d’approvisionnement, vous pourrez peut-être trouver des solutions pour diminuer l’ampleur du problème tel que varier vos fournisseurs ou modifier votre mix de vente (sales mix).
Varier votre mix de vente
Pour bien performer au niveau des heures vendues et produites, il vous faudra peut-être varier votre mix de vente. Les gros travaux, nécessitant plus de pièces de rechange, sont bien sûr au cœur de la situation des BO.
Pour maintenir vos techniciens productifs en action et ne pas être trop vulnérable à la pénurie de véhicules de rechange, on propose de revoir votre mix de vente. En plus de servir les clients-assureurs, on veut privilégier des plus petits travaux, moins affectés par les BO, soit en acceptant des travaux pour des clients hors assurance ou encore en s’associant des clients propriétaires de flotte ou des concessionnaires pour obtenir leurs travaux sur les voitures usagées ou retours de garantie. Cette nouvelle habitude portera ses fruits même après la pénurie de pièces.
Réparer les pièces
La pièce est BO, normalement on ne la réparerait pas, mais aujourd’hui on peut se le permettre. On veut sortir chaque dossier de nos travaux en cours le plus rapidement possible. C’est important pour demeurer le plus productif possible.
Évidemment, ce ne sont pas tous les dossiers d’assurance qui vous permettront de le faire. Il s’agit de travailler en partenariat avec ses clients afin de parfois saisir l’opportunité de réparer la pièce.
Plusieurs carrossiers n’aiment pas payer des sous-traitants pour des réparations, des remodelages ou des reconstructions de pièces manquantes, car ils n’aiment pas le résultat. Dîtes-vous que c’est mieux que rien si vous pouvez livrer le véhicule sans avoir de problèmes.
Cette option n’est pas recommandée pour les ateliers qui n’ont pas l’expertise de réparer des pièces et de les ramener à neuf.
Travailler avec vos courtiers en pièces automobiles
Les courtiers offrent des services afin de résoudre vos problématiques de BO. Ils peuvent vous gagner un temps précieux et bien des maux de tête en lien avec votre productivité et votre rentabilité.
Les courtiers en pièces d’origine travaillent fort actuellement pour agrandir leurs équipes afin de pouvoir vous offrir le meilleur service possible.
De plus, les courtiers offrent des rapports de BO qui vous permettent d’aller chercher certaines compensations auprès de vos partenaires pour vos véhicules de remplacement.
N’oubliez pas d’être patient avec eux, ils sont débordés.
Collaborer avec d’autres carrossiers de régions différentes
Avec vos contacts carrossiers provenant d’autres régions, tentez de vous entraider. Les enjeux d’approvisionnement ne sont souvent pas exactement les mêmes d’une région à l’autre. En collaborant avec des confrères-carrossiers, vous pourriez aider à régler vos problèmes mutuels en vous donnant un meilleur éventail de possibilités pour accéder à des inventaires de pièces.
Utiliser ProgiPièces
L’outil ProgiPièces vous aide à identifier vos BO et à repérer des pièces sur le marché.
Il permet aussi d’acheter des pièces automobiles en différé pour vos rendez-vous de réparation qui sont plus loin afin de vous garantir d’avoir les pièces pour le début des réparations.
Mettez au défi les fournisseurs concessionnaires, ils sont souvent outillés pour aller chercher des pièces BO, mais n’ont pas le réflexe de faire toutes les démarches du premier coup pour vous servir.
Conclusion : en état de crise, il faut changer.
En conclusion, dans une crise comme celle de la COVID-19, nous changeons nos façons de faire pour nous adapter temporairement. La pénurie de pièces est une crise de moins grande envergure, certes, mais elle mérite probablement que tout l’écosystème autour de la réparation automobile change en partie ses méthodes afin de trouver des processus gagnant-gagnant pour la productivité de l’atelier, la satisfaction des clients et les opérations des assureurs. Pour ça, il n’y a pas d’autres solutions que de se parler.
Rédaction : Alexandre Rocheleau
Collaboration : Charles Aubry, Patrick Turcotte, Claude Zalac
Révision : Sophie Larocque
Édition : Émilie Blanchette